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Dossier Pratiques des outils numériques et relations sociales

Contributions du 11 ème séminaire M@rsouin

Margot Beauchamps , Nicolas Jullien Version imprimable de cet article Version imprimable

Crée en 2002 en Bretagne, le groupement d’intérêt scientifique M@rsouin regroupe les chercheurs en sciences humaines et sociales travaillant, en Bretagne, sur l’analyse des usages et l’impact des TIC. Cela représente une soixantaine de chercheurs, issus de sept institutions (universités et écoles) et de 13 laboratoires, en géographie, histoire, sociologie, économie et management, psychologie, science de l’éducation, art, science de l’information, etc.

Cette vision large, et le lien avec le Conseil régional de Bretagne, qui finance le groupement, permet de lancer chaque année des projets de recherche et des enquêtes, dont les résultats sont présentés sur le site, mais aussi au cours d’un séminaire annuel.
Depuis quelques années, ce séminaire s’est ouvert à des contributions francophones, présentant un état des lieux des recherches, appliquées, sur la mesure et l’analyse des usages numériques. Lieu d’échanges entre chercheurs et acteurs de la Société de l’information, il est ouvert à toute personne intéressée par l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication. Pour prolonger la diffusion des résultats des présentation et les débats qu’il génère, M@rsouin a proposé à la revue Terminal de publier une sélection des recherches présentées. Cette revue multi-disciplinaire proposant une réflexion critique sur les mutations de la société à partir de la question des nouvelles technologies de l’information, correspondait bien à l’ambition du séminaire et du groupement.

En 2013, une trentaine de communications ont été présentées, et après appel à article, évaluation et révision, trois articles et une note de recherche ont été sélectionnés pour ce dossier spécial. Ils illustrent le positionnement méthodologique du groupement : recherche appliquée, éclairant aussi bien les praticiens sur leurs usages que les chercheurs sur leurs analyses et leurs réflexions théoriques.
Les quatre articles montrent à quel point les pratiques individuelles d’appropriation des outils numériques, des terminaux comme les tablettes ou les smartphones, des outils d’échange en ligne (sites communautaires, réseaux pairs à pairs) affectent profondément les relations sociales, tant sur la place des individus, que sur leur relation à l’objet culturel, ou sur la construction des modèles économiques de la culture numérique.

Pascal Plantard et Véronique Le Chêne (CREAD, Université de Rennes 2), nous rappellent d’abord que si le numérique et Internet ont permis une explosion de nouveaux usages, ils créent aussi de nouvelles inégalités, pour ceux qui ne sont pas en mesure de les utiliser. Notamment, les personnes en situation de handicap mental et/ou psychique, victimes de représentations sociales stigmatisantes, sont confrontées à ces inégalités. Dans ce premier article, ils nous présentent une recherche-action qui avait pour objectif d’étudier les processus d’appropriation personnels, professionnels et institutionnels de ces technologies (précisément des tablettes tactiles) dans un « établissement et service d’aide par le travail » (ESAT) qui emploient des travailleurs en situation handicape mental.

Ensuite, au temps du Web 2.0 et de l’exploitation commerciale des contenus produits par les utilisateurs, Olivier Trédan, du CRAPE (Université de Rennes 1) propose, avec l’analyse de l’histoire du serveur de pages personnelles Mygale, de revenir aux débuts de l’auto-publication, dès le milieu des années 1990, relisant les tensions entre velléités d’indépendance du Cyberespace et la quête de modèle économique viable s’appuyant sur les contenus générés par les utilisateurs.

Le troisième article s’intéresse à la façon dont les pratiques des utilisateurs transforment les modèles économiques traditionnels, dans la télévision. Virginie Sonet, de l’Université de Paris 2, présente les enjeux pour les chaînes de télévision, de la consultation de leur contenu sur les téléphones mobiles, qualifié de « troisième écran », dans la lignée du téléviseur et de l’ordinateur. Dans une perspective d’économie industrielle et se concentrant sur les chaînes de télévision historiques, elle étudie comment se construisent les logiques économiques et stratégiques de ces entreprises dans le domaine spécifique de la distribution mobile et applicative.

Finalement, issu d’un travail mené dans le cadre du projet M@rsouin ADAUPI (Analyse des décisions, attitudes et usages du piratage sur Internet), financé par la Région Bretagne, Karine Roudaut (LABERS, Université de Bretagne Occidentale) revient et explique, dans une note de recherche, le paradoxe de la pratique du téléchargement illégal, sanctionnée par la loi, mais non déviante au sens sociologique du terme, en utilisant une démarche sociologique basée sur des entretiens avec des utilisateurs et parfois « pirates ».

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