Stratégie

Avec ce nouveau numéro, Terminal poursuit le débat sur la Nouvelle Economie en publiant une contribution de Pierre Dumesnil, intitulée Nouvelle Economie, Toile et Soutenabilité. Dans cet article, l'auteur souligne la manière dont l'économie, à travers le projet capitaliste de l'expansion illimitée, a fondé sa manifestation et sa perception dans le commerce qui donne sens à l'activité économique à travers l'échange marchand, au contraire de l'acte de production dont la croissance désirée n'est que le résultant des dynamiques commerciales et de leur élargissement.
Dans ce contexte, l'auteur émet l'hypothèse, qu'avec l'irruption massive de l'affichage, via Internet, sur les écrans d'ordinateurs, l'émission-réception d'images et de textes, mais aussi de sons, est potentiellement créatrice de nouveaux systèmes d'action, notamment dans le champ du commerce. Cette hypothèse ramène à l'idée de considérer l'échange comme un moment de la production à part entière, susceptible d'être techniquement modifié au même titre qu'un processus industriel.
Or la figure centrale de la Toile est bien celle de l'herménaute, acteur agissant en réseau mais seul, en état de dépendance sociale extrême, mais apparemment replié sur son seul monde privé. Cet autisme social de la modernité constituerait-il le fondement d'une économie soutenable, actualisation d'une économie fortement sémiotique s'appuyant sur une matérialité faible ? Telle pourrait être la Nouvelle Economie, en débordant bien au delà de la seule Toile, qui supposerait un décrochage profond des représentations sociales pour substituer, à une conquête matérielle infinie, celle d'une exigence culturelle sans bornes.

Jean-Benoît Zimmermann