Atelier 2 Le discours d'accompagnement des TIC dans l'entreprise : « la troisième révolution industrielle » ?

Thomas Lamarche

L'atelier sur les TIC dans l'entreprise est l'occasion de replacer la communication et ses technologies dans une perspective d'organisation de la mise au travail et de structuration du capital dans ce qui peut configurer une troisième révolution industrielle. Les intervenants évoquent les conditions de la mobilisation du travail, et la façon dont la communication se substitue à l'organisation du travail. La communication intervient à de nombreux niveaux de l'entreprise pour que, de plus en plus, le salarié intériorise la « one best way » qui lui était auparavant imposée et qu'il s'impose alors à lui-même. Le salarié devient un relais du projet managérial. L'accès aux technologies en réseau forme de nouvelles hiérarchies dans l'entreprise et peut aussi servir de mythe interne ; tel GDF projetant son avenir en une « e-compagnie »? Le syndicalisme tente lui aussi de s'emparer de ces technologies comme moyen d'action ou d'information.

Ces changements concernant le travail supposent une nouvelle capacité à anticiper pour réagir, s'organiser ; bref sont un défi pour le travail et les salariés. Certains changements, parfois rapides, induisent une réflexion a posteriori, d'où certains décalages entre chercheur et syndicats. Cela peut se traduire comme un défi pour le syndicalisme. Comment se servir d'un mythe, comment se défier d'un mythe et comment mobiliser contre une technologie qui se trouve parée de tant de vertus ? Bien sûr on peut entrevoir un modèle de « cybersyndicalisme » dont on peut trouver des exemples efficaces. Mais cela peut aussi déboucher sur des adhésions virtuelles qui ne favorisent pas nécessairement la combativité. Là encore on en revient à la question de la citoyenneté économique et sociale qui se construit, ou devrait se construire, dès l'école.
Un regard sur les systèmes de formation est ainsi plein d'enseignements, en substance on trouve peu de TIC en formation initiale et en formation continue elle est très idéologique. D'où une difficulté pour les salariés non seulement à les utiliser, mais aussi à s'en défier.


Le rôle structurant des Tic ne doit pas être surévalué, elles ne se développent pas sur un terrain neutre, mais au contraire elles participent d'une certaine « ossification » de l'organisation. Les TIC plutôt que d'agir dans un quelconque sens de libération des forces peuvent ainsi renforcer la sclérose de l'organisation.
En regardant le travail et la mise au travail des cadres, la machine peut apparaître comme un moyen de coercition ou d'implication qui peut s'apparenter à nouvelle étape de la substitution capital travail. La dimension individualiste du capitalisme est soulignée. Elle fait apparaître un espace de réalisation possible pour le salarié. Le modèle start-up et le développement des stock-option transforment l'identité, particulièrement des cadres, engendrant différents mythes qui eux-mêmes peuvent conduire à des formes d'implication.

Enfin comme un grand oublié ne saurait être complètement absent, l'Etat comme partenaire, financeur, contrôleur peut-il être pointé pour son absence ou reste-il finalement omniprésent mais plus local.