Déréglementation et stratégies d'alliances dans les télécommunications :
l'Etat, les monopoles, le marché
Blandine Laperche, Dimitri Uzunidis*

Après la seconde guerre mondiale et pendant plus de trente ans, la puissance économique d'un pays dépendait de sa cohésion assurée par l'Etat via l'instrument monétaire et les infrastructures de formation, de transport et de communication qu'il mettait au service des entreprises et des particuliers. Aujourd'hui, au nom de l'efficacité par le marché, la puissance économique d'un pays est mesurée par la force industrielle et financière de ses firmes qui s'approprient les espaces économiques jusqu'alors publics. Dans le domaine des transports, de l'électricité et des télécommunications, l'Etat libéralise, privatise et donne l'occasion aux entreprises privées, tous secteurs confondus, d'investir et de réaliser des profits conséquents au détriment très souvent de l'intégration sociale. Les politiques de déréglementation, aidées par la diffusion de nouvelles technologies, créent de nouveaux espaces de profit au sein des filières de traitement et de circulation des informations.
Pour comprendre l'attractivité qu'exerce le secteur de l'information sur toutes sortes de firmes, il faut analyser les processus de déréglementation, compris comme un bouleversement des règles qui donnaient jusqu'alors aux télécommunications leur caractère de service public. Cette modification des règles du jeu permet la constitution de marchés et par conséquent de services globaux que les entreprises du secteur, mais aussi d'autres secteurs (essentiellement des services logistiques), tentent de contrôler collectivement en signant différents types d'accords de coopération et d'intégration. Ce contrôle est déjà réalisé, bien en amont, par la conclusion d'accords de développement technologique permettant la mise au point des nouvelles technologies de l'information dites "globales", parce que l'offre dans sa diversification est elle-même globale.

Réglementation, déréglementation, organisation

Historiquement et dans tous les pays, les télécommunications étaient assurées par un monopole public1. Plusieurs arguments se combinent pour justifier cet état de fait : les grandes infrastructures permettent aux monopoles de réaliser de larges économies d'échelle et de maintenir les prix relativement bas au profit des utilisateurs ; les coûts fixes étant élevés, toute la population, sans discrimination, doit avoir accès à la communication téléphonique. C'est ce que recouvre le fameux "service universel".
La situation de "monopole naturel" a été remise en cause au cours des années 1970 pour trois raisons : les monopoles ont été accusés d'être source d'inflation, du fait de la fixation aléatoire des tarifs ; caractérisés par des lourdeurs bureaucratiques, ils ont été incapables de s'adapter à l'évolution de la demande vers des besoins spécifiques (services télématiques, téléphonie mobile, etc.) ; les nouvelles technologies et leur convergence créent de nouveaux marchés, avec pour conséquence la multiplication des prétendants privés. Les économistes ont alors vanté les vertus d'une plus grande "contestabilité des marchés"2, c'est-à-dire de la libre entrée et de la sortie sans coût des entreprises, ce qui permettrait une baisse radicale des prix des communications téléphoniques et l'explosion de nouveaux services, nés du rapprochement de secteurs auparavant cloisonnés (téléphone, télévision, informatique…).

Des marchés contestés

La déréglementation et son pendant la privatisation, qui facilitent le décloisonnement des marchés mono- ou oligopolistiques, ont véritablement pris leur élan dans les télécommunications au cours des années 1980. Mais c'est un processus beaucoup plus ancien, au point que l'histoire des télécommunications, filles de l'État, apparait, selon la thèse développée par P. Musso, "comme celle de leur émancipation jamais achevée, toujours recommencée"3. Dans tous les pays, et même si l'ouverture à la concurrence et la privatisation des opérateurs historiques des télécommunications sont en voie d'achèvement, les télécommunications restent sous la tutelle d'organismes étatiques chargés de l'octroi de licences, des arbitrages entre les différents acteurs privés, de la fixation des coûts d'interconnexion et de la surveillance de la qualité des services fournis.
Aux Etats-Unis par exemple, la contestation du monopole d'ATT date de 1956 avec le "Consent Degree", qui limite les activités de l'opérateur américain aux services téléphoniques, et s'élargit ensuite aux autres activités contrôlées par la firme : les équipements, les terminaux, les services spécialisés. Il aboutit en 1984 au démantèlement d'ATT sur les communications américaines, ce qui se traduit par la naissance de septs compagnies régionales4 se partageant le marché intérieur et par l'ouverture à la concurrence des télécommunications internationales. Le Telecommunications Act de 1996 parfait la déréglementation en privant les Regional Bells de leur monopole local. Pourtant la concurrence peine à s'imposer, car la procédure est complexe. Le partage des pouvoirs aux Etats-Unis entre les gouvernements locaux et le gouvernement fédéral conduit à une "balkanisation des régimes réglementaires et d'ouverture des marchés"5. L'organisme étatique FCC (Federal Communications Commission) oblige les compagnies régionales à remplir de nombreuses conditions, dont l'ouverture totale de leur marché à la concurrence pour pouvoir proposer des services longues distances ; rares sont celles qui les remplissent.
Au Japon, NTT, créé en 1945 et partiellement privatisé en 1985, contrôle toujours la quasi totalité du marché des télécommunications au Japon. Le gouvernement japonais annonçait à la fin de 1997 la privatisation de l'opérateur longue distance Kokusai Denshin Denwa (KDD), premier opérateur japonais de télécommunications internationales avec 60% du marché, pour en faire l'un des pôles de regroupement de ce secteur.
En Europe, depuis la publication du livre vert de 1987, le secteur des télécommunications a suivi un processus graduel de libéralisation, caractérisé par l'adoption d'un cadre réglementaire commun et par l'application des règles de concurrence. Les grands pays de la Communauté ont alors suivi des voies divergentes : le libéralisme britannique a cotoyé l'autoritarisme français et l'opportunisme allemand. Mais à l'heure du démantèlement des services publics, les pays européens n'ont pas tardé à créer un cadre libéral : depuis le premier juillet 1996, toute entreprise disposant des infrastructures de télécommunications peut devenir un prestataire officiel de services de télécommunications ; depuis le premier janvier 1998, les États membres de l'UEM attribuent des autorisations à d'autres entreprises que les opérateurs nationaux, libéralisant ainsi la téléphonie vocale.
En Grande Bretagne, même si la privatisation et la concurrence ont été introduites depuis le début des années 1980 et même si le Royaume-Uni compte quelques 200 détenteurs de licences, dont une cinquantaine d'acteurs importants, British Telecom conserve toujours une place de leader sur le marché du téléphone. Là aussi, l'entrée sur le marché est surveillée par un organisme public : l'OFTEL, créé en 1984, qui va jusqu'à imposer des prix aux opérateurs et se charge du contrôle de la qualité des services fournis.
Deutsche Telecom en Allemagne, transformé en société anonyme en 1995 et privatisé en 1996, détient encore environ 80% du marché de la téléphonie fixe. Il est concurrencé par 40 firmes qui ont obtenu une licence d'exploitation pour les services de télécommunications ; plus de 300 pourraient être actives en 2002 selon Gartner Group6. La loi de 1996 fixe le cadre réglementaire du secteur. Cette loi est un compromis qui met fin à la résistance des Länder et précise la notion de service public universel, sans fixer de contrainte aux différents opérateurs. Le service téléphonique de base doit être assuré à un prix abordable, mais aucune contrainte n'est clairement énoncée pour les nouveaux opérateurs. Seule la taille du réseau constitue un critère d'attribution des autorisations délivrées par une autorité de régulation placée sous le contrôle du ministère de l'Economie.
En Italie, depuis 1996, le gouvernement est allé très vite : Telecom Italia, fraîchement privatisé et adossé à ATT et Unisource, est mis à mal par les nouveaux détenteurs de licences en téléphonie fixe comme Wind (Enel, Deutsche Telecom, France Télécom) et Infostrada (Olivetti et Mannesman). Mais la libéralisation n'est encore que théorique, puisque les questions relatives aux coûts d'interconnexion et à la répartition du coût du service public universel n'avaient toujours pas été réglées au début de 1998. L'attrait pour les télécommunications incite pourtant les poucets de l'informatique mondiale à se reconvertir dans ce secteur7.
En France, France Télécom, partiellement privatisé, négocie avec l'Autorité de régulation (ART) pour définir les conditions tarifaires et techniques permettant aux opérateurs privés de se brancher sur son réseau. Le catalogue d'interconnexion publié en avril 1997 a suscité la déception des concurrents privés, notamment de Cegetel, le pôle de télécommunications de la Générale des Eaux et de Bouygues Télécom, qui espéraient une baisse plus importante des tarifs de location du réseau de France Télécom, rapprochant les tarifs français des standards internationaux.
Les Etats-Unis ont été les premiers à mettre en œuvre (novembre 1997) l'accord d'ouverture totale du marché des télécommunications, signé en février 1997 par 68 pays au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce. La libéralisation totale prend alors un caractère global et mondial.

Déréglementation et concentration

La libéralisation des services de télécommunications et le démantèlement des monopoles publics modifient l'engagement de l'Etat dans l'économie. Ces nouvelles fonctions sont loin d'être synonymes de son désistement. Si dans les années 1960 on a vu naître le "capitalisme étatiste", aujourd'hui se développe une sorte de "capitalisme monopoliste réglementaire", où l'activité des monopoles privés est encadrée, protégée par l'administration publique. La concurrence devient réglementée et dépend des rapports privilégiés que certaines entreprises détiennent avec l'Etat. Aux Etats-Unis, Ameritech, l'une des Baby Bells, a employé près d'une centaine d'agents pour rallier les parlementaires à sa cause lors de la préparation du Telecommunications Act de 1996 ; ATT a dépensé des millions de dollars dans le même objectif. Le maintien du "service public universel", qui assure la distribution large des services de télécommunications à un prix abordable, justifie l'intervention de l'État, mais fait aussi apparaître la libéralisation et la privatisation comme les moyens essentiels que l'État utilise pour détourner les richesses nationales et les mettre à la disposition des centres d'intérêts privés. Les premiers calculs de l'Union Européenne montrent que la libéralisation a entraîné dans les Etats membres qui l'ont appliquée une baisse moyenne de 40% des tarifs de communications. Mais ces baisses de prix concernent surtout les communications longue distance et leurs utilisateurs privilégiés : les grandes entreprises. Ainsi les baisses de prix pratiquées par France Télécom en 1997 ont été de 40% pour les communications nationales et internationales, et seulement de 5% pour les appels locaux. A cela s'ajoute une hausse de 15 francs de l'abonnement mensuel. Deutsche Telecom, quant à lui, à été accusé d'augmenter le prix des appels locaux pour compenser la baisse des prix des appels longue distance.
La lenteur de l'ouverture à la concurrence du marché de la téléphonie s'explique aussi par le coût des infrastructures que seules les grandes firmes sont capables de supporter. Les nouveaux arrivants sont alors ceux qui disposent de réseaux. En Allemagne, les trois principales sociétés qui font face à l'ancien monopole sont O.tel.O et Viag Interkom qui détiennent les trois principaux distributeurs d'électricité du pays (respectivement RWE et Veba, et Viag) et ont des appuis étrangers8. La troisième société est Mannesman Accor, qui regroupe le conglomérat industriel Mannesman, la filiale de télécommunications publiques de l'entreprise de chemin de fer Deutsche Bahn et est alliée avec ATT, le consortium européen Unisource et Air touch. En France, le principal concurrent de France Télécom dans la téléphonie fixe est Cegetel qui s'est récemment allié avec la SNCF pour profiter de son large réseau national de fibres optiques. Pour devenir le troisième opérateur de téléphonie fixe en France, Bouygues Télécom s'est allié fin 1997 à l'opérateur italien Telecom Italia et à l'allemand Veba, donnant ainsi naissance à la SA 9 Télécom, qui loue les réseaux autoroutiers et fluviaux.
La concurrence réglementée mais accrue dans le secteur des télécommunications se traduit par des vagues de concentration pour défendre les positions acquises et pour entrer sur de nouveaux segments du marché national. Aux Etats-Unis, le Telecommunications Act a certes permis à ATT, mais aussi à MCI, deuxième opérateur américain longue distance, de commencer à vendre du téléphone local au grand public dans quelques Etats, en louant des réseaux d'opérateurs locaux (ATT), ou en construisant ses propres réseaux (MCI). Mais le marché, estimé à 100 milliards de dollars, reste pourtant dans les mains des entreprises locales qui fusionnent pour dégager des économies d'échelle et surtout pour proposer des services de téléphonie longue distance : Bell Atlantic et Nymex ont fusionné en 1996 ; SBC (résultat du rachat par Southern Bell de Pacific Telesys), présente un projet de fusion avec Ameritech. Les tentatives de rapprochement se multiplient entre opérateurs longue distance et opérateurs régionaux : ATT et SBC avaient envisagé un rapprochement destiné à réduire les investissements, l'un dans la longue distance, l'autre dans le local ; celui-ci est resté lettre morte compte tenu de la non ouverture du marché de SBC à la concurrence. Au Japon, International Telecom Japan (ITJ) a fusionné en octobre 1997 avec l'opérateur régional Japan Telecom, au nez de KDD qui multipliait à la fin de 1997 les négociations avec les opérateurs régionaux.
Dans la réalité, la plus grande contestabilité des marchés conduit alors à la reconstruction de situations de monopole. Les opérateurs historiques et les grandes firmes disposent de moyens de pression pour orienter les
réglementations en leur faveur et sont seuls capables de supporter le coût des fusions ou de l'investissement dans de nouvelles infrastructures.
A ce processus de concentration dans la téléphonie fixe s'ajoutent les enjeux liés au rapprochement entre des filières technologiques auparavant distinctes (téléphone, télévision, informatique) qui se traduit par la multiplication des intervenants : les producteurs d'équipement, les opérateurs et les prestataires de services se greffent sur les activités traditionnelles des télécommunications. Les constructeurs (câbles, satellites, fibres optiques, ordinateurs, commutateurs, combinés téléphoniques…) et les grands opérateurs gestionnaires de réseaux doivent se réorganiser face à diverses mutations : modification des cadres réglementaires, évolutions technologiques majeures, ouverture de nouveaux marchés, déplacement de la demande. Les nouveaux services recouvrent pour leur part les services issus de la fusion des télécommunications et de l'informatique (télématique) et ceux nés du rapprochement des télécommunications et de l'audiovisuel (services multimédia). Le rapprochement des filières technologiques est le fruit de la généralisation de la numérisation qui permet d'unifier les langages et de transmettre par la même méthode (le Binary Digit), le son, l'écrit et l'image9. Il s'explique aussi par la croissance de la puissance des ordinateurs et la baisse de leur prix. Enfin, l'opticalisation des réseaux (le signal lumineux remplace le signal électrique et permet l'utilisation de la fibre de verre, ou fibre optique, à la place du traditionnel câble en cuivre) accroît la quantité des informations diffusées (transmission large bande). Le vent de libéralisation qui souffle sur l'industrie et les services de télécommunications construit un vaste espace transsectoriel d'accumulation du capital, dans lequel de nombreux acteurs, petits et grands, s'immiscent pour obtenir une quote-part du profit réalisable. Dans ce contexte, les enjeux qui motivent les valses d'alliances internationales dans le secteur des télécommunications sont l'amélioration des capacités de transmission de toutes les formes d'informations et l'offre globale de services de télécommunications.

Les toiles mondiales de communication et d'innovation

La conséquence de l'entrée de nouveaux opérateurs est l'érosion des parts de marché des grands opérateurs dans le téléphone fixe, activité qui représente encore 70 à 80% de leurs recettes, soit environ 400 milliards de dollars à l'échelle mondiale. Ces recettes restent la source essentielle du cash flow nécessaire pour développer de nouveaux services et conquérir de nouveaux marchés. Le relais essentiel de la croissance est celui de la téléphonie mobile (équipements et services) qui, en 1997, occupait 23% du marché mondial des télécommunications et expliquait les deux tiers de sa croissance. Le marché total s'est, en 1997, élevé à 745,1 milliards de dollars, dont 129,9 milliards pour les équipements et 615,15 milliards pour les services. Lancé il y a 17 ans sur la base de la téléphonie cellulaire, l'Observatoire mondial des systèmes de communication (OMSYC) recensait fin 1997, 175 millions de téléphones mobiles connectés dans le monde.

Insiders et outsiders

Les grands opérateurs mondiaux de télécommunications sortent de plus en plus des sentiers battus pour affirmer leur puissance dans quatre domaines : les réseaux classiques, les logiciels et services informatiques, la téléphonie mobile et l'audiovisuel. C'est le cas de France Télécom qui, avec son réseau Itinéris, est la principale entreprise de téléphonie mobile nationale10, ou qui avec "Wanadoo" est l'un des principaux serveurs d'accès à Internet du pays. Deutsche Telecom a acquis le savoir-faire nécessaire pour offrir des services d'information multimédia intégrés. Il possède en outre un réseau de télévision câblé auquel sont connectés plus de 15 millions de foyers. Bristish Telecom, pour contrer les entreprises du câble, se prépare à entrer dans le marché du multimédia au début du siècle prochain. Aux Etats-Unis, ATT livre bataille avec Sprint dans le domaine des communications sans fil, de la messagerie et du traitement de l'image et du son. NTT, en lançant un réseau de transport de l'information, entend contrôler plus de la moitié du marché japonais d'accès à Internet.
Dans tous ces domaines, la puissance des opérateurs est contestée par des grandes entreprises faisant partie ou non des filières de télécommunications. Des grandes entreprises de biens d'équipement, de chimie, de sidérurgie ou encore de l'énergie et des transports s'allient avec des entreprises de télécommunications pour acquérir des savoir-faire qui leur permettront de diversifier leurs activités et d'entrer dans cet immense espace d'accumulation que représente le traitement et la diffusion de l'information. La sidérurgie et la métallurgie battent de l'aile en Europe. La question de la diversification est impérieuse. L'entreprise allemande Mannesman s'allie par exemple avec Viag, ATT, Cable et Wireless, la Deutsche Bank et la Deutsche Bahn qui exploite le plus grand réseau privé de télécommunications du pays, avec pour ambition de couvrir tout le territoire national par le service de téléphonie mobile.
Les firmes de transport et de communication ont tendance à se spécialiser dans des niches spécifiques. En France, de nombreuses sociétés sortent de l'anonymat avec pour ambition d'accéder à une part du profit. C'est le cas par exemple de la société américaine MSF qui a décroché la première licence accordée à un opérateur pour construire sa propre infrastructure. En quelques mois, cette société a déployé une stratégie de boucle locale, par la construction d'un réseau en fibres optiques sillonnant les quartiers d'affaires parisiens, comme elle l'a fait à Sydney, Milan, Singapour, Francfort ou Chicago. Puis elle a fusionné avec l'un des principaux opérateurs d'Internet (U-Unet) et avec le quatrième opérateur américain longue distance (Worldcom) pour relier ses réseaux européens en un réseau paneuropéen, le connectant plus tard par un câble transatlantique au réseau multimédia américain. L'américain Colt suit la voie de son prédécesseur en spécialisant son offre vers la clientèle financière. A ces nouveaux concurrents s'ajoutent les téléports (Téléport d'Aix-Marseille et de Roubaix), créés à l'initiave des collectivités locales et parfois cédés aux professionnels11, qui offrent des services aux entreprises petites et grandes. D'autres entreprises concurrencent France Télécom seulement sur les services : c'est le cas de RSL COM ou Esprit Telecom et de ATT-Syris, Air France et Equant qui offrent des services aux petites et grandes entreprises ou aux réseaux d'entreprises.
Parmi les constructeurs d'équipement pour mobiles, la même hiérarchie est observable. Les succès de la téléphonie mobile ont attiré de nombreux industriels, mais très vite quelques entreprises se sont détachées du lot. Le groupe de tête se compose de Ericsson, Nokia et Motorola, qui ensemble ont vendu plus de 26 millions de téléphones GSM en 1997. Derrière eux, Siemens, Alcatel et Philips ont chacun atteint le seuil de deux millions d'appareils vendus en 1997 et tentent de rattraper le peloton de tête en s'alliant notamment avec des partenaires étrangers, pour atteindre une taille suffisante pour satisfaire une demande qui se standardise et qui croît rapidement12.
Mais la téléphonie mobile est actuellement en voie d'être bouleversée. La saturation croissante des réseaux existants, le coût de développement des infrastructures et la couverture partielle des réseaux incitent au développement de nouvelles méthodes de transmission de l'information. Les télécommunications spatiales attaquent les réseaux traditionnels, avec d'une part la naissance de constellations satellites, d'autre part les satellites multimédia qui ambitionnent de contrôler la téléphonie sans fil. Conçues par les industriels de l'équipement, elles font apparaître de nouveaux acteurs comme les constructeurs de satellites, les firmes informatiques, auxquels s'associent, pour ne pas rester à l'écart, les grands opérateurs de télécommunications. L'objectif des constellations satellites (le projet Iridium dont le chef de file est Motorola, associé à Lockeed Martin et le projet Globalstar, construit par Loral Space and Communication et Qualcom auxquels sont associés Airtouch et France Télécom) est de contrôler le marché de la téléphonie mobile et la transmission de données haut débit. Les satellites, placés en basse orbite (- de 3000 km d'altitude) s'adressent au marché du mobile haut de gamme, avec l'usage de combinés doubles, où les communications sont reliées aux réseaux cellulaires existants et passent par les satellites en cas de besoin.
Les projets de satellites multimédia sont encore plus ambitieux, puisqu'ils viendraient compléter les infrastructures existantes et pourraient à terme se substituer à elles. Trois projets sont actuellement en cours de lancement : Celestri (13 milliards de dollars) de Motorola, Skybridge d'Alcatel, Teledesic de Bill Gates et Craig Mac Crow. Ces projets sont destinés à des services demandant un haut degré d'interactivité, comme les connexions Internet, la consultation de services en ligne, la visioconférence dans des zones où les réseaux terrestres sont insuffisants. Alcatel qui s'est allié à l'Américain Loral Space and Communications et deux groupes électroniques japonais, auxquels s'ajoutera bientôt un opérateur de télécommunications entrent ainsi dans un marché de 15 à 20 millions d'internautes prêts à s'équiper pour profiter des performances accrues du réseau satellitaire. Teledesic (projet de 9 milliards de dollars) veut couvrir entièrement la planète en transmission large bande. Le projet a obtenu le feu vert de la FCC qui lui attribuera les fréquences nécessaires ; Teledesic s'est allié à Boeing qui pourrait participer à l'ingénierie et au lancement des satellites. ATT et NTT envisagent d'entrer bientôt dans le capital de Teledesic. Celestri, lancé en 1997 par Motorola pour répondre au projet Teledesic, s'appuie sur des opérateurs de télécommunications comme ATT. Il s'intéresse aux utilisateurs individuels, aux grandes et petites entreprises, du fait de l'étendue des services offerts (transferts de données, voix, vidéo en temps réel,…). Mais le coût des investissements relatifs à la construction de ces toiles tissées autour de la terre se répercutera sur le consommateur final13. Les tarifs de communications par satellites oscilleront entre 1 et 3 dollars par minute ; de quoi décourager les utilisateurs potentiels qui attendent en même temps que l'arrivée de nouveaux services, la baisse de leurs factures de télécommunications.
La diffusion spatiale de l'information se traduit par une forte croissance du marché des satellites (son taux de croissance annuel moyen s'élève à 11,4% de 1991 à 1997 selon l'OMSYC) et par des regroupements industriels entre fabricants de satellites en Europe. Si le marché américain est dominé par Hugues, Lockeed Martin et Loral, en Europe émergent deux groupes distincts : Matra-Marconi-Dasa et Aérospatiale-Alcatel-Thomson.

A offre globale, innovations globales

Le marché des télécommunications est de plus en plus soumis aux exigences des utilisateurs, essentiellement des grandes firmes, pour lesquelles la maîtrise et la gestion de l'information au niveau mondial constituent un impératif de premier ordre. Organisées en réseau14 et disséminant leurs unités de par le monde, ces entreprises globales ne peuvent fonctionner que par la mise en place de systèmes de communications adéquats, transmettant des données entre les différentes unités en temps réel. Si certaines entreprises préfèrent construire leurs propres réseaux et diversifier leurs approvisionnements plutôt que de tout concentrer chez un opérateur unique (comme le Suédois Volvo qui établit depuis 1992 son propre réseau privé), d'autres préfèrent bénéficier d'une offre globale, d'une facturation simple et d'un réseau stable et fiable15. L'ouverture des marchés permet aux grands opérateurs de former des alliances pour proposer aux entreprises des services aussi bien adaptés que confidentiels et subvenir aux besoins de ce marché juteux : en l'an 2000, selon les experts, les 5000 premières multinationales devraient représenter à elles seules environ 20% des dépenses annuelles de télécommunications.
Les grandes entreprises de gestion et de transmission de l'information créent des structures communes offrant un interlocuteur unique, et construisent des réseaux virtuels privés au service des grandes firmes et des institutions financières. C'est le cas d'Unisource, créé en 1992, dont le capital est détenu par la firme suédoise Telia, les PTT suissses, l'opérateur hollandais KPN auquel s'est ajouté ATT en 1994 et qui en 1997 distribue des services dans trente pays. C'est le cas aussi de Concert, résultat de l'alliance en 1993 de British Telecom avec l'Américain MCI, ou de l'association Worldpartners, qui rassemble 16 transporteurs de télécommunications dans le monde. Global One (né de l'alliance entre France Telecom, Deutsche Telecom et Sprint) a développé un réseau paneuropéen, qui a totalisé 30 000 clients dès sa première année d'exercice.
Ces alliances se renforcent par de nouveaux venus, ce qui permet l'extension géographique de leurs activités et la régulation monopoliste des marchés de nouveaux services. Les grands des télécommunications forcent la demande en proposant aux institutions, aux entreprises et aux ménages des services multimédia. Mais la réussite de ces consortia mondiaux dépend, d'une part du développement et de la diversification de la demande dans les pays industrialisés et de son extension dans les pays en développement, d'autre part, d'innovations constantes tant en matière de services que d'équipements ou d'infrastructures.
Dans les domaines où le changement technique est rapide, les travaux de recherche-développement (R&D) menés par les firmes constituent un enjeu primordial. Seule une avance constante sur les concurrents permet de garder sa place dans la concurrence mondiale. Mais les dépenses de recherche supposent des budgets très importants que les firmes individuellement ne peuvent pas toujours supporter. NTT par exemple investit environ 290 milliards de yens (14 milliards de francs) dans la R&D, soit un peu plus que le budget annuel du CNRS, et emploie dans ce but 8500 personnes, dont 3100 en recherche fondamentale, ce qui en fait le premier investisseur mondial en R&D du secteur. L'américain ATT consacre une somme comparable à la recherche (16 milliards de francs), mais moins de 60% sont affectées à la recherche dans les télécoms. La firme NTT a déposé en moyenne plus de 3300 brevets par an ces dix dernières années, dont environ 500 aux Etats-Unis, soit autant que ATT. A titre de comparaison, les autres grands opérateurs de télécommunications n'en déposent pas plus d'une centaine par an.
Pour les protagonistes du secteur des technologies de l'information, l'augmentation constante de leurs investissements en R&D, et les accords de coopération qu'ils concluent entre eux et avec des outsiders, correspondent à des stratégies délibérées en matière d'innovation et de conquête (et même de création) de nouveaux marchés. Le renforcement des potentiels d'innovation des firmes se réalise grâce à l'enrichissement continu de leurs stocks de connaissances, savoir et savoir-faire. Elles constituent des "ensembles informationnels scientifiques et techniques", sortes de paquets technologiques immatériels globaux qu'elles mettent en valeur chaque fois qu'une occasion de profit se présente16. Pour répondre aux besoins des opérateurs de télécommunications ou de télélévision cablée, les constructeurs d'équipement s'allient entre eux pour partager les coûts de recherche et de développement d'équipements plus puissants. Motorola et Siemens ont, par exemple, conclu en novembre dernier un accord mondial de licences et de distribution permettant aux opérateurs de télévision câblée de proposer des services de téléphonie sur leurs réseaux de télédistribution. Les alliances sont aussi tissées entre opérateurs de télécommunications et constructeurs d'équipements, à l'exemple de l'alliance entre Nortel (ex-Northern Telecom) et l'Américain Rockwell dans le domaine des modems, qui permettra aux opérateurs de télécommunications d'offrir des connexions (échange de données, Internet) à très haut débit et à très haute vitesse. Ces alliances, dont les exemples pourraient être multipliés, soulignent l'infiltration mutuelle entre les firmes issues de l'informatique, des télécommunications et du câble, justifiée par la nécessité de favoriser le développement d'offres globales, ou multiservices.
Pour renforcer leurs ensembles informationnels, les opérateurs de télécommunications, ou les équipementiers deviennent de véritables sociétés de capital-risque, en aidant au développement de petites firmes qui serviront, à moindre coût que si elles effectuaient les recherches en interne, à l'expérimentation des technologies nouvelles. Lucent Technologies, premier groupe mondial d'équipement de télécommunications a annoncé en février 1998 la création d'un fonds de 100 millions de dollars destiné à financer les investissements à risque dans les technologies émergentes. La filiale Lucent Venture Partners a pour mission d'investir dans des secteurs comme les communications cellulaires, les réseaux de données, les semi-conducteurs, les logiciels de communication et les services professionnels. De même France Télécom, par le biais de sa filiale Innovacom et en association avec la Sofred (filiale de développement régional du groupe Giat Industries) a lancé un programme d'investissement de 30 millions de francs destiné à financer la création de petites et moyennes entreprises innovantes dans le secteur des télécommunications. L'accent est mis dans ce projet sur le développement de start-up travaillant dans le domaine des composants, matériels, logiciels, applications multimédia dédiés aux réseaux de télécommunications privés ou publics.
Mais les firmes privées, qui financent une grande partie de la recherche du secteur dont le montant s'élève globalement en France à 30 milliards de francs par an, demandent un soutien accru de l'État. C'est ce qui est ressorti du rapport de Michel Delebarre sur l'avenir de France Télécom17 et du groupe de travail réunissant les acteurs du secteur des télécommunications en décembre dernier. Selon ces derniers, le Réseau National de Recherche en Télécommunication (RNRT) devrait recevoir un soutien étatique de l'ordre de 5 milliards de francs pour le financement notamment de la recherche fondamentale. Ils plaident pour l'existence de programmes nationaux pour accroître l'efficacité de la recherche18. Les dépenses de recherche prises en charge par l'État amélioreront à coup sûr l'offre d'inputs scientifiques et techniques (externalités), qui pourtant ne seront accessibles qu'aux firmes les plus performantes du secteur. Celles qui dépensent le plus en matière de R&D seront en effet celles qui développeront des complémentarités avec les laboratoires de recherche publics et pourront ainsi exploiter rapidement les nouveaux développements scientifiques19.
La grande taille des firmes, leur important potentiel scientifique et technique et les alliances stratégiques créent des barrières à l'entrée, difficilement surmontables pour les concurrents potentiels. Mais la protection des toiles d'innovation que les firmes tissent par le biais de leur stratégies coopératives est l'obstacle à la concurrence le plus significatif. Les firmes les plus puissantes définissent en commun des normes techniques qui anticipent l'apparition de nouveaux biens et services. La normalisation par anticipation possède la particularité d'être réalisée dans le cadre d'accords tacites entre un groupe restreint de firmes. Les institutions internationales de normalisation deviennent alors de simples "chambres d'enregistrement"20. Ces normes définies en amont du progrès technique s'imposent alors à tous les acteurs qui n'ont pas participé à leur élaboration et qui, de fait, se retrouvent bien souvent exclus du marché. L'exemple le plus récent est sans doute celui du choix de la norme mondiale du téléphone mobile du futur, appelé UTMS, qui remplacera l'actuel GMS. Cette norme résulte d'un accord entre les plus grands constructeurs d'équipements21, s'imposant ensuite aux autres constructeurs et prestataires de services. En attendant cette norme, qui se généralisera dans environ 15 ans, les firmes développent leurs recherches dans le cadre de la norme GSM pour améliorer les performances de leurs portables, ou poursuivent l'extension de leurs réseaux d'infrastructures22.

Remarques finales

Fabriquants d'équipements de télécommunications, prestataires de services, industries lourdes, de transports et de matériaux en quête de reconversion, … Le secteur ou la filière des télécommunications constitue un ensemble de marchés connectés en expansion et en diversification, où les importants coûts d'entrée n'empêchent pas les grands groupes industriels et financiers d'établir des stratégies d'appropriation aussi bien de la demande finale que du processus d'innovation technologique.
La hauteur des capitaux investis est telle que les accords inter-entreprises et le développement des marchés de l'information ne peuvent être appréciés à leur juste valeur sans prendre en compte le rôle des Etats. Classées "Service public", les télécommunications se présentent comme un ensemble d'activités de production et de consommation, propulsées, régulées et diffusées par une sorte d'imbroglio politique, financier et technologique : Etat et monopoles.
La déréglementation actuelle n'est qu'une autre forme de réglementation à travers les licences et les facilités financières et infrastructurelles que l'Etat accorde aux insiders ou aux outsiders. Mais plus en amont, les firmes de télécommunications bénéficient, d'une part des résultats de la recherche publique dans les domaines de la microélectronique et des nouveaux matériaux, d'autre part des possibilités de rentabilité technologique et commerciale qu' offrent les grands programmes d'équipement publics, militaires ou non. L'histoire d'Internet par exemple, version simplifiée et actuelle des "autoroutes de l'information", révèle les rapports étroits entre l'Etat, le militaire et le marchand pour l'exploitation mercantile des nouvelles prouesses techniques : en 1969, l'US Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) met en place un réseau d'échange d'informations entre les organismes travaillant pour le ministère de la Défense, qui s'est rapidement ouvert aux universités, puis aux entreprises et aux particuliers.
La politique économique et technologique des Etats réduit les incertitudes, mais les firmes s'affrontent et/ou coopèrent pour faire face aux coûts socialisés élevés, comme le démontre la mise en réseau (par câble ou par satellite) ou en bouquet multimédia, des informations.
Les toiles mondiales de communication et d'innovation privées se forment pour couvrir des marchés globaux et accoucher de normes de circulation d'informations valorisant les standards techniques mis au point par les grandes firmes au moment même où elles constituent des ensembles informationnels scientifiques et techniques.


Notes

* Laboratoire Redéploiement Industriel et Innovation, Université du Littoral, Dunkerque
  1. American Telephone and Telegraph (ATT), Nippon Telephone and Telegraph (NTT), France Télécom, British Telecom (BT), Deutsche Telecom (DT), Telefonica en Espagne, etc.
  2. W. J. Baumol, J. Panzar, R. Willig, 1982.
  3. P. Musso, Télécommunications et philosophie des réseaux. La postérité paradoxale de
    Saint-Simon, 1997, p. 244.
  4. Southernwestern Bell, Pacific Telesys, Bellsouth, Ameritech, Nymex, Bell Atlantic, US West.
  5. Le Monde, 2 juillet 1997.
  6. Les Échos, 8 janvier 1998.
  7. Olivetti cède ses activités informatiques (à Wang les services informatiques, à Piedmont les PC et la bureautique intéresse Xerox et Canon) pour se concentrer sur son nouveau métier : celui d'opérateur de télécommunications, avec ses filiales Infostrada pour la téléphonie fixe et Omnitel pour la téléphonie mobile, Le Monde, 4 mars 1998.
  8. O.tel.O se rapproche de l'américain Bell South et Viag Interkom se rapproche de BT et du norvégien Telenor. Ils bénéficient ainsi de moyens financiers importants, de savoir-faire en matière de gestion de la clientèle et de réseaux de fibres optiques couvrant tout le pays
  9. J. L. Caccomo, 1996.
  10. Avec Itineris, France Télécom compte plus de 13 millions d'abonnés au 31 décembre 1997 contre 1,3 millions un an plus tôt. Elle devance Bouygues Télécom et SFR.
  11. C'est le cas à Roubaix où Belgacom, associé à l'Américain Ameritech, à Tele Danmark et à Singapour Telecom, a repris pour 20 millions de francs le téléport de Roubaix, destiné à offrir des services aux entreprises et au particuliers.
  12. Les Échos, 26 février 1998.
  13. Pour le Projet Iridium par exemple, dont le coût est estimé à 5 milliards de dollars, le prix du terminal devrait être de l'ordre de 3000 dollars au départ.
  14. D. Uzunidis, B. Laperche, 1997.
  15. C'est ce que souligne B. Barnier, directeur général des services globaux de télécommunications de ICI, entreprise de chimie anglaise implantée dans 140 pays : "Les compagnies qui cherchent à être véritablement globales ont besoin de véritables communications globales pour le devenir", Neesweek, 16-4-1997.
  16. Les ensembles informationnels sont définis comme des stocks de connaissances, savoir et savoir-faire, combinant des informations issues de disciplines scientifiques et de domaines techniques divers et utilisés en tant que moyens de production dans les processus productifs, Voir B. Laperche, 1998.
  17. M. Delebarre, Les enjeux d'avenir pour France Télécom, Rapport pour le ministère de l'Economie, des finances et de l'industrie, septembre 1997.
  18. Les Échos, 12/3/1997.
  19. L'insuffisance de l'aide étatique est aussi invoquée pour expliquer le retard européen dans les projets de communication par satellites et l'avance des Etats-Unis, qui eux ont investi très tôt dans des programmes de recherche-développement avec d'importantes aides gouvernementales civiles et du département militaire.
  20. D. Foray, 1990.
  21. Les Échos, 30-31 janvier 1998.
  22. La recherche française en la matière (menée essentiellement par le CNET) attire les laboratoires de recherche étrangers, qui cherchent à créer des complémentarités scientifiques et techniques. Après l'implantation du laboratoire de recherche de Motorola en région parisienne et celle de Philips au Mans, Matsuhita Electronic et Sony envisagent d'implanter leurs laboratoires de recherche dans le domaine du GSM en France (Les Échos, 7 janvier 1998). France Télécom Mobiles et Bouygues Télécom accordent la priorité à l'extension de leurs réseaux d'infrastructures, afin de rentabiliser leurs investissements avant de se lancer dans le téléphone du futur.


Références bibliographiques

  • Boutillier (S.), Laperche (B.), Uzunidis (D.), Télécommunications : les autoroutes de la puissance, Avancées, Bruxelles, Nov. 1996.
  • Baumol (W.J.), Panzar (J.), Willig (R.), Contestable Markets and the Theory of Industry Structure, Harcourt Brace, New York, 1982.
  • Caccomo (J.L.), Les défis économiques de l'information. La numérisation, coll Économie et innovation, L'Harmattan, Paris, 1996.
  • Curien (N.), Gensollen (M.), Economie des télécommunications, ouverture et réglementation, Economica, Paris, 1992.
  • Foray (D.), Exploitation des externalités de réseau versus évolution des normes : les formes d'organisation face au dilemme de l'efficacité dans le domaine des technologies de réseau, Revue d'Économie industrielle, n°51, Premier trimestre 1990.
  • Laperche (B.), La firme et l'information. Innover pour conquérir, Coll. Économie et innovation, L'Harmattan, Paris, 1998.
  • Musso (P.), Télécommunications et philosophie des réseaux. La postérité paradoxale de Saint-Simon, PUF, Paris,1997.
  • OMSYC (Observatoire mondial des systèmes de communication - OMSYC), Les chiffres clés et indicateurs des télécommunications mondiales 1991-1997, Bulletin de l'Irest n°78, novembre 1997.
  • Uzunidis (D.), Laperche (B.), Concurrence, innovation et stratégies d'appropriation des informations scientifiques et techniques, Terminal, n°74, Paris, 1997.